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Le but de ceux qui ont tout Paradoxe : avoir tout pour s'ennuyer plus
Texte d'un gagnant du loto J'ai
rêvé de posséder une île déserte dans
un climat paradisiaque, de m'y installer dans le luxe et d'y inviter
mes amis.
Juste un hasard non maîtrisable qui est bien tombé. Alors je m'achète cette île, je fais construire une grande villa avec tous les conforts modernes imaginables, puis j'invite des amis. Le pied ! Le pied total ! Je mange les mets les plus raffinés, je fais un peu de sport, j'écoute de la musique, je regarde des spectacles sur mon écran géant. Mes amis et moi sommes au paradis. Les jours passent, et j'avoue que je suis toujours à la recherche de la nouveauté. Pourquoi
vouloir toujours de la nouveauté ? Est-ce que je m'ennuie ? Alors
je commence à aimer prendre des risques, car l'adrénaline
me donne l'impression d'être encore plus vivant ! Nostalgie
de ma jeunesse où je circulais comme un dingue avec ma mobylette
sur les petites routes de campagne. Evidemment,
au bout d'un moment on se lasse. Il y a un autre moyen de s'éclater : le sexe. Pas
besoin « d'assurer » vu que je paye. De jolis
corps bien fermes, divinement sculptés, que je peux caresser,
lécher, et beaucoup plus. Les
jeux d'argent sont excitants. Quand on n'a pas d'argent, mais lorsqu'on
en a plus qu'il n'en faut, le risquer ou même gagner n'a pas vraiment
d'intérêt. Suis-je
con de dépenser ainsi mon argent ? D'ailleurs
je donne de l'argent aussi à des oeuvres caritatives.
Mais je m'emmerde. C'est
dans ces moments que me revient en tête l'une des phrases les
plus connes qui soient : Faisons le point : Je
peux tout faire, librement. C'est un luxe ! Il reste les amis aussi riches que vous. Au moins eux, on sait qu'ils ne sont pas là pour l'argent, même si cette possession fait qu'on est bien ensemble, car eux aussi redoutent les parasites, surtout lorsque les parasites veulent un autre statut que celui de bouffon. Voilà voilà. Finalement la vie est une question de finesse. Je veux dire par là que pour savoir qu'un bien matériel ne vous apportera pas vraiment le bonheur pour toujours, il faut au préalable l'avoir possédé. Un peu comme le Bouddha qui avant d'abandonner ses biens était un prince immensément riche. Paradoxe : il faut ne pas avoir pour courir après l'avoir et il faut avoir pour comprendre qu'avoir n'est finalement pas fondamental. Cette
leçon méritait bien un fromage, sans doute. J'aurai
beau avoir des habits en or, je vais crever un jour, comme le plus pauvre
des pauvres de cette planète ! L'éternité...
Maintenant
je me suis habitué à avoir tout sans rien faire, ou si
peu ! En
me faisant congeler la veille de ma mort histoire d'attendre que la
science invente l'immortalité ? Avec tout ce que j'ai vécu, pu accomplir ou faire, si on me demande quel est le but de ceux qui ont tout, je répondrais : survivre. Mais peut-être que le meilleur moyen de ne pas regretter de mourir, c'est d'avoir tellement bien vécu, d'être tellement plein de choses à l'intérieur, qu'une grande fatigue vous prenne et vous fasse voir la mort comme une sorte de soulagement. Je
connais des vieux qui en étaient arrivés là. Je me souviens de vers parlant d'avant les vers :
La
sénilité protège, elle vous rend inconscient,
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